À l’examen, on remarque que Mademoiselle XXX boite de façon évidente avec inclinaison du tronc sur le côté droit. La hanche gauche porte des cicatrices chirurgicales cohérentes avec une intervention au fémur proximal. L’amplitude de ses mouvements est complète, pour sa hanche et son genou gauches. La jambe gauche est plus longue d’environ 3 cm (mesure de la crête iliaque antéro-supérieure jusqu’au bout de la malléole interne).
L’examen de la colonne lombaire fait apparaître une légère scoliose à convexité gauche accompagnée de bascule du bassin lorsque la requérante se tient droite sans égaliser la longueur de ses jambes. La courbure est souple puisqu’elle se corrige en flexion latérale. L’amplitude de mouvement de la colonne lombaire est normale. Pas de signes de tension radiculaire ; système nerveux intact dans les membres inférieurs.
Mademoiselle XXX a subi une fracture intertrochantérienne déplacée du col du fémur gauche, un léger traumatisme crânien et un traumatisme psychologique, comme conséquences directes de l’accident de ski survenu le 20 février 2004 en France.
Elle s’est rapidement remise de son traumatisme crânien. Sur le plan psychologique, ses symptômes ont été importants pendant 1 an, selon le dossier médical. Actuellement, elle ne signale aucun symptôme psychologique indésirable.
Une facture intertrochantérienne gauche doit être opérée ; l’intervention a été pratiquée de façon experte par le Dr X. La fracture a guéri dans un alignement excellent mais un cal vicieux s’est développé sur le fémur.
Les fractures d’enfants entraînent souvent une stimulation de la croissance (de l’os fracturé), le plus fréquemment chez les fractures du fémur. Un excès de croissance de 1-2 cm est courant et se stabilise dans les deux ans de la blessure. Une différence de longueur de jambes de 3 cm est un exemple extrême d’excès de croissance.
Deux tentatives de réduction fermée ont eu lieu ainsi qu’un retard de trois jours pour appliquer le traitement chirurgical définitif de la fracture. À mon avis, ces éléments n’ont aucune influence directe ni sur la fréquence ni sur l’ampleur de la stimulation de croissance.
À mon avis, la différence de longueur de jambes est la conséquence directe de la fracture.
Actuellement, la requérante souffre de lombalgies secondaires à la différence de longueur de jambes. Elle a également développé une légère courbure de la colonne vertébrale qui est actuellement souple (susceptible d’être corrigée), c’est-à-dire qui s’inversera probablement après l’égalisation de la longueur des jambes. Elle boite de façon perceptible quand la longueur des jambes n’est pas égalisée par la chaussure. Les activités physiques lui sont interdites.
Il n’est pas recommandé de laisser une différence de longueur de 3 cm sans correction car elle a des répercutions à long terme sur la colonne lombaire et les articulations des membres inférieurs telles que genoux, hanches et chevilles. Elle n’entraîne pas d’arthrite mais les patients se plaignent souvent de douleurs dans toutes les articulations principales des membres inférieurs touchés ou non.
La chirurgie est la seule option, à ce stade, et les options chirurgicales sont soit le raccourcissement du fémur gauche soit l’allongement du fémur droit pour qu’il soit à la même longueur que le gauche.
Le raccourcissement du fémur gauche diminuerait la hauteur totale de 3 cm. Cela entraînerait une faiblesse et un gonflement des muscles qui auraient tendance à s’améliorer au bout d’un an à 18 mois. Les complications de cette procédure sont la désunion (l’os ne guérit pas après le raccourcissement et d’autres interventions sont nécessaires) et, parfois, la faiblesse du muscle se prolonge ou est permanente.
L’autre option est l’allongement du fémur droit. Les récents développements de la chirurgie orthopédique ont rendu la procédure complexe d’allongement d’un membre, beaucoup plus prévisible et acceptable. Les techniques traditionnelles comprennent l’application d’une fixation externe, ce qui est très restrictif et comporte un taux de complications très élevé. La tendance actuelle est d’utiliser un dispositif d'allongement osseux intramédullaire, technique de loin supérieure à la technique de la fixation externe. Il existe deux ou modèles de clous sur le marché mais l’option préférée est le « Precise Nail ». Le traitement et la rééducation post-opératoire durent vraisemblablement de 6 à 9 mois. Il y a de fortes chances pour que la requérante récupère la longueur souhaitée ; cependant, l’intervention comporte des risques. Les complications, si elles devaient se produire, peuvent être : un retard de formation du cal osseux, une déformation du fémur, une défaillance de l'implant et le nombre d’interventions (y compris le retrait du Precise Nail et l’insertion d’un clou intramédullaire standard).