Vivre, c'est se projeter dans des fictions. Créer, c'est multiplier ces fictions, à l'infini, afin de s'adapter au chaos du monde. C'est l'approche du premier album de La Décadanse, intitulé avec beaucoup de loquacité : Tout est terrible. "Tout est effrayant ?" En effet, les histoires que nous créons ne sont pas toujours les plus idylliques... Comme dans les romans de Chuck Palahniuk. Ou dans les films de David Fincher. Ou, tout ce qui ressemble, même de loin, à un chef-d'oeuvre du XXe siècle. Dans son titre emblématique, interprété avec Jane Birkin, Serge Gainsbourg a chanté que la décadence " [est] plus que notre mort [ ; elle] relie nos âmes et nos corps." Dans Bardo State, Sarah Zinger donne vie à une chanson-texte qui se situe quelque part entre sensualité et horreur : "croire aux histoires, mentir au miroir, vivre sans regrets ou mourir avec une pincée de sel (...) tout est indécent, tout est scandaleux, tout est décadent." Avec le premier LP de Decadence, le mélange de Baudelaire-Gainsbourg-néo-romantisme-musique électronique s'impose avec magnificence.