Et quel a été votre rôle sur le montage de cette émission ?
J’y ai appliqué un traitement acoustique dit de « worldizing », qui permet de donner l’illusion que le son existe dans un environnement réel. On voulait faire croire que tous les adolescents de cette ville étaient branchés sur la même station de radio dans leurs voitures, afin que l’on puisse entendre ce même son s’échapper des voitures et se répercuter sur les immeubles, à n’importe quel endroit de la ville.
George et moi, on a sorti le master de l’émission et on l’a joué sur un Nagra dans un environnement réel – un jardin de banlieue. Le Nagra était placé à environ 15m d’un micro qui enregistrait sur un autre Nagra, qui restait synchronisé à l’autre et qu’on déplaçait un peu au hasard, d’avant en arrière, pendant que George tournait l’enceinte à 180 degrés. A certains moments, le micro et l’enceinte se faisaient face, et à d’autres, ils étaient complètement opposés. De cette expérience naquit une première piste. Nous avons ensuite refait l’enregistrement complet une seconde fois.
Au mixage du film, je pouvais donc choisir entre trois pistes. La première était celle que l’on pourrait appeler la « prise studio » de l’émission, dans laquelle la musique était très nette, précise et tout était au premier plan sonore. Puis il y avait les deux autres pistes, qui étaient décalées de quelques images l’une de l’autre, et sur lesquelles l’axe du micro n’était jamais le même parce-ce qu’on ne se souvenait plus de ce qu’on avait fait, volontairement. Parfois, la voix de Wolfman Jack était dans l’axe sur une piste, et pas sur l’autre. Je pouvais mixer ces trois pistes pour obtenir le bon niveau d’ambiance. Je pouvais passer d’un son live, très présent, à un son plus distant, qui donnait l’impression d’avoir ricoché sur des façades d’immeubles. Je pouvais aussi créer une sensation de mouvement – grâce aux micros mobiles.